Balzac et le roman policier: Une ténébreuse affaire
Article d’André Vanoncini sur Une ténébreuse affaire (Balzac) et
Terminus Iéna (Jean Amila), dans Romanische Studien 3 (2015).
Avec Balzac, et plus encore avec Une ténébreuse affaire, on touche à certaines des figures originaires de ce qui prendra bien plus tard l’identité générique du roman policier. Aussi les conditions épistémologiques qui ont pu favoriser l’émergence de ce type de récit ont-elles fait l’objet de commentaires substantiels et stimulants.
Plus récemment, les chercheurs spécialisés ont précisé ce statut innovateur du roman. Il ressort de ces études que Balzac y combine et réinterprète plusieurs modes romanesques de son époque, tels que les registres historique, noir, sentimental, politique ou judiciaire. Or, s’il est indéniable que l’œuvre se réfère à une multiplicité de genres contemporains à sa création, il paraît de même fort probable qu’elle renvoie par anticipation à plus d’une seule variante du roman policier. C’est l’hypothèse qu’il s’agit de vérifier d’abord.
Que Balzac finisse par exposer à l’issue d’une histoire passablement obscure les interdépendances équivoques entre une intrigue et une représentation complexes, n’a pas échappé à Jean Amila. Ce maître du roman de critique sociopolitique, qui a illustré la grande époque de la « Série noire », a repris le sujet d’Une ténébreuse affaire dans son œuvre intitulée Terminus Iéna (1973).